Comprendre l’énergie marémotrice
L’énergie marémotrice, parfois appelée énergie des marées, est une forme d’énergie renouvelable qui repose sur l’exploitation des variations du niveau de la mer provoquées par l’attraction gravitationnelle de la Lune et du Soleil. Ce phénomène naturel, prévisible et régulier, constitue une source d’énergie propre encore largement sous-exploitée dans le mix énergétique mondial.
Contrairement à d’autres sources renouvelables comme le solaire ou l’éolien, l’énergie marémotrice présente l’avantage d’une constance remarquable. Les marées suivent des cycles précis, permettant une planification rigoureuse et fiable de la production énergétique. Cette stabilité, combinée à un impact carbone très faible, fait de l’énergie marémotrice une solution stratégique pour affronter les enjeux de la transition énergétique.
Les principaux procédés de production
Il existe plusieurs technologies permettant de convertir l’énergie des marées en électricité. Les deux principales méthodes sont :
- Les usines marémotrices à bassin ou barrage : Elles fonctionnent sur le principe de l’accumulation d’eau lors de la marée montante dans un bassin. Lorsque la marée redescend, l’eau est relâchée à travers des turbines, générant de l’électricité. Le barrage de la Rance en France est l’exemple le plus célèbre de ce type d’installation.
- Les hydroliennes : Similaires aux éoliennes, ces turbines sont immergées sous l’eau dans des zones à forts courants de marée. Le mouvement de l’eau fait tourner les rotors, produisant ainsi de l’électricité. Ces dispositifs sont moins invasifs que les barrages et peuvent être déployés plus facilement, notamment dans les détroits ou les estuaires.
Un potentiel mondial encore peu exploité
Le potentiel énergétique mondial des marées est considérable. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), on estime que l’énergie marémotrice pourrait techniquement fournir jusqu’à 120 GW à l’échelle planétaire. Pourtant, cette source ne représente actuellement qu’une fraction insignifiante de la production énergétique renouvelable.
Plusieurs raisons expliquent cette sous-exploitation :
- Coût élevé : Les infrastructures nécessaires au développement de l’énergie marémotrice, notamment les barrages et les installations sous-marines, exigent des investissements initiaux importants.
- Localisation spécifique : Seuls certains sites côtiers présentant des amplitudes de marées importantes ou des courants puissants sont propices au développement de cette énergie. Cela limite géographiquement son utilisation.
- Questions environnementales : Les aménagements marémoteurs peuvent altérer les écosystèmes côtiers sensibles, soulevant des inquiétudes quant à leur impact sur la faune et la flore marines.
Avantages pour la transition énergétique
Malgré ces obstacles, l’énergie marémotrice présente des atouts indéniables dans une stratégie globale de décarbonation de la production d’énergie. Elle offre notamment :
- Prévisibilité et fiabilité : Les marées suivent des cycles astronomiques précis. Cette régularité permet une meilleure planification de la production en comparaison avec l’éolien ou le solaire, qui dépendent des conditions climatiques.
- Faible impact carbone : Une fois installées, les installations marémotrices produisent de l’électricité sans combustibles fossiles et émettent très peu de gaz à effet de serre.
- Durabilité : Les centrales marémotrices peuvent fonctionner pendant plusieurs décennies, offrant un rendement énergétique stable sur le long terme.
Projets innovants et perspectives d’avenir
Face aux défis climatiques et à la demande croissante en énergie propre, plusieurs pays investissent dans la recherche et le développement de nouvelles technologies marémotrices. Voici quelques projets notables :
- MeyGen (Écosse) : L’un des plus grands projets de ferme d’hydroliennes au monde. Installée au large du nord de l’Écosse, cette ferme a démontré la viabilité technique de la technologie hydrolienne à grande échelle.
- Sihwa Lake (Corée du Sud) : La plus grande centrale marémotrice opérationnelle au monde, qui utilise un ancien barrage de retenue adapté pour produire de l’électricité en profitant des marées.
- Projets pilotes en France, au Canada et au Royaume-Uni : Plusieurs start-ups et instituts de recherche travaillent activement au développement de turbines sous-marines plus performantes, avec une meilleure intégration environnementale.
À mesure que les technologies progressent, on observe une baisse progressive des coûts de production. Cela ouvre la voie à une adoption plus large de l’énergie marémotrice dans les décennies à venir, notamment pour les pays disposant d’un vaste littoral et de fortes amplitudes de marée.
Application pour les acteurs publics et privés
L’intégration de l’énergie marémotrice dans un mix énergétique diversifié peut bénéficier à différents types d’acteurs :
- Collectivités territoriales : Les régions littorales peuvent stimuler leur autonomie énergétique et créer des emplois locaux en adoptant des projets d’énergie des marées.
- Entreprises industrielles et énergétiques : Les grands groupes du secteur de l’énergie peuvent investir dans des infrastructures marémotrices pour diversifier leurs sources de production décarbonée.
- Particuliers et communautés locales : Grâce à des coopératives ou à des projets participatifs, il est envisageable d’impliquer les citoyens dans le financement et la gestion de petites installations marémotrices, notamment avec les technologies d’hydroliennes à échelle réduite.
Un levier stratégique à activer
Dans un contexte international de transition énergétique et de recherche d’alternatives aux énergies fossiles, l’énergie marémotrice mérite une attention renouvelée. Bien que les défis techniques, économiques et environnementaux subsistent, les perspectives d’évolution sont prometteuses. Des solutions innovantes sont en voie de démocratisation, rendant plus accessibles ces technologies jusqu’alors réservées à des projets d’envergure nationale ou expérimentale.
En réévaluant les potentiels maritimes et en renforçant les politiques de soutien à la recherche et au développement, l’énergie marémotrice pourrait jouer un rôle clé dans l’équilibre futur entre durabilité énergétique, performance économique et responsabilité environnementale.
Sa contribution, encore marginale aujourd’hui, pourrait croître de manière significative si les États, les entreprises et les citoyens s’allient pour intégrer pleinement les ressources marines dans le paysage énergétique du XXIe siècle.

