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Nombre de centrale nucléaire dans le monde : répartition géographique et capacités

Nombre de centrale nucléaire dans le monde : répartition géographique et capacités

Nombre de centrale nucléaire dans le monde : répartition géographique et capacités

Une carte mondiale de l’atome : état des lieux

Le nucléaire civil, malgré son lot de controverses, reste un pilier de la production mondiale d’électricité. Entre réduction des émissions carbone, indépendance énergétique et puissance installée constante, les centrales nucléaires jouent un rôle stratégique dans de nombreux pays. Mais combien y a-t-il de centrales nucléaires dans le monde ? Où sont-elles situées, et quelle est leur capacité réelle ? Dans cet article, je vous propose un tour du monde instructif pour comprendre la répartition géographique et les enjeux en jeu derrière ce maillage atomique.

Combien de centrales nucléaires dans le monde en 2024 ?

En 2024, on compte environ 440 réacteurs nucléaires en fonctionnement à travers le monde, répartis sur une trentaine de pays. Ces réacteurs représentent une capacité installée de plus de 390 gigawatts électriques (GWe).

À cette flotte nucléaire s’ajoutent une soixantaine de réacteurs en construction, preuve que l’énergie atomique continue de susciter l’intérêt, malgré les débats sur son coût, sa sécurité, ou la gestion des déchets.

Petite précision importante — quand on parle de « centrale », on désigne en réalité un site, qui peut regrouper plusieurs réacteurs. Par exemple, la centrale de Gravelines en France compte 6 réacteurs à elle seule. Du coup, si l’on raisonne en termes de centrales (et non de réacteurs), on en dénombre autour de 190 à l’échelle mondiale.

Les géants du nucléaire : qui domine la scène mondiale ?

Le panorama mondial est relativement polarisé : quelques pays concentrent l’essentiel du parc nucléaire mondial. Voici les principaux acteurs :

  • États-Unis : le leader incontesté, avec 93 réacteurs en fonctionnement répartis sur 54 sites. Cela représente environ 95 GWe de capacité installée, soit près d’un quart du parc mondial. Même si aucune nouvelle centrale n’a vu le jour durant des décennies, le pays reste un bastion du nucléaire civil grâce à la longévité de ses installations.
  • France : second au classement mondial, avec 56 réacteurs répartis sur 18 sites, pour une capacité installée d’environ 61 GWe. L’hexagone tire plus de 65 % de son électricité de l’atome. Un record.
  • Chine : pays à la croissance la plus spectaculaire en termes de nucléaire civil. Elle compte 55 réacteurs opérationnels (53 GWe) et plus de 20 en construction. L’objectif ? Doubler la capacité d’ici 2035, voire plus, pour répondre à une demande électrique gargantuesque.
  • Russie : avec 38 réacteurs (30 GWe), Moscou n’est pas seulement exploitant domestique : elle est aussi exportatrice de technologie nucléaire via Rosatom.
  • Corée du Sud et Japon : la Corée tourne avec 25 réacteurs (24 GWe), tandis que le Japon, qui en avait plus de 50 avant Fukushima, n’en a redémarré qu’une partie (moins de 20 réacteurs opérationnels aujourd’hui).
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À eux seuls, ces six pays représentent plus de 75 % de la capacité nucléaire mondiale.

L’Europe : entre dépendance nucléaire… et total rejet

L’Union européenne (UE) présente un contraste saisissant dans l’approche du nucléaire. D’un côté, on trouve des pays comme la France, la Hongrie, la Slovaquie ou la Finlande, qui misent fortement sur l’atome. De l’autre, des États comme l’Allemagne, l’Autriche ou le Danemark l’ont entièrement abandonné ou refusé depuis des décennies.

Fait marquant : l’Allemagne a arrêté ses trois derniers réacteurs en 2023, malgré les tensions sur l’approvisionnement énergétique liées à la guerre en Ukraine. Un choix politique et culturel autant que technique.

Le Moyen-Orient et l’Afrique : le nucléaire en mode émergent

Le continent africain ne compte qu’une seule centrale en activité : Koeberg, en Afrique du Sud, avec deux réacteurs. Mais plusieurs projets pointent à l’horizon : le Nigeria, l’Égypte ou encore le Kenya ont exprimé leur volonté de lancer des programmes civils.

Au Moyen-Orient, les Émirats arabes unis ont mis en service la centrale de Barakah, comportant quatre réacteurs de type APR-1400 (modèle sud-coréen), dont trois sont déjà opérationnels. L’Arabie Saoudite rêve elle aussi d’un programme nucléaire ambitieux, bien que certains analystes y voient des visées stratégiques au-delà du civil.

L’Asie : l’atome pour nourrir la croissance

La dynamique asiatique est impressionnante. Outre la Chine et la Corée du Sud déjà mentionnées :

  • L’Inde compte 22 réacteurs en fonctionnement et prévoit d’en construire une douzaine supplémentaires. Son objectif est clair : multiplier par 3 sa capacité nucléaire d’ici 2032.
  • Le Pakistan a 6 réacteurs en service et coopère étroitement avec la Chine pour ses nouvelles unités.
  • Le Bangladesh et le Vietnam sont à l’état de projet, mais n’ont pas encore d’unités en service.
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En résumé, l’Asie représente aujourd’hui le moteur de croissance du nucléaire mondial, tant du point de vue de la demande que des nouvelles constructions.

Les réacteurs en construction : où sont les futurs pôles nucléaires ?

Sur les quelque 60 réacteurs actuellement en chantier dans le monde, la majorité se situe en Asie :

  • Plus de 20 réacteurs en Chine
  • 8 en Inde
  • 6 en Russie, mais certains destinés à l’export (Turquie, Égypte, etc.)
  • 4 en Corée du Sud et autant aux Émirats Arabes Unis

En Europe, seules quelques unités sont en cours de construction : Hinkley Point C au Royaume-Uni (deux EPR), et Flamanville 3 en France (oui, toujours en construction après… des années de retard).

L’Afrique et l’Amérique latine quant à elles restent encore très en retrait, bien que l’Argentine et le Brésil aient des projets en discussion. Dans ces zones, d’autres sources comme l’hydroélectricité ou le gaz restent prépondérantes.

Puissance installée… mais quelle production réelle ?

C’est une chose d’avoir un parc nucléaire massif, c’en est une autre de l’exploiter efficacement. À titre d’exemple, la France produit plus d’électricité nucléaire par habitant que les États-Unis, malgré un parc deux fois moins important en puissance brute.

L’explication ? Un taux de disponibilité historiquement élevé, même si ces dernières années ont été perturbées (corrosion sous contrainte, maintenance longue, etc.).

Enfin, rappelons que la production nucléaire mondiale couvre environ 10 % de l’électricité produite dans le monde — un chiffre stable depuis une vingtaine d’années, mais sujet à évoluer avec l’essor des renouvelables et les arbitrages stratégiques sur l’avenir du nucléaire dans le mix énergétique global.

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Un futur sous pression… et sous haute tension ?

Face aux impératifs climatiques, le nucléaire revient sur le devant de la scène. Mais cette renaissance se heurte à plusieurs défis :

  • Des coûts de construction élevés (cf. EPR en France ou Vogtle aux États-Unis)
  • Une acceptabilité sociale fragile, surtout depuis les accidents de Tchernobyl, Fukushima, et plus récemment les débats autour de Zaporizhzhia en Ukraine
  • La gestion des déchets, toujours sans solution universelle
  • Et bien sûr, la souveraineté technologique à l’heure où Chine et Russie exportent massivement leurs modèles

Pour autant, des avancées technologiques comme les réacteurs modulaires (SMR) ou la relance du cycle thorium pourraient accélérer l’innovation dans ce secteur.

Et vous, que pensez-vous de l’atome dans le mix énergétique de demain ? Faut-il relancer le nucléaire ou basculer tout sur le renouvelable ? Le débat est loin d’être tranché, mais une chose est sûre : l’atome, qu’on l’aime ou qu’on le critique, restera au cœur des discussions énergétiques pour les décennies à venir.